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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/290

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Sterling, acquittaient la pénitence d’une année pour l’homme riche, et trois solidi ou neuf schellings rendaient le même service à l’indigent. Ces aumônes furent bientôt employées aux usages de l’Église, qui tira de la rémission des péchés une source inépuisable de richesses et de puissance. Une dette de trois cents ans, environ douze cents livres sterling, aurait ruiné la fortune la plus brillante ; on suppléa au défaut d’or et d’argent par l’aliénation des terres ; Pépin et Charlemagne déclarent formellement que leurs immenses donations ont pour but la guérison de leur âme. C’est une maxime de la loi civile, que quiconque ne peut payer de sa bourse doit payer de son corps ; et les moines adoptèrent la pratique de la flagellation, équivalent douloureux mais économique. D’après une estimation arbitraire, on évalua l’année de pénitence à trois mille coups de discipline[1] ; et telles étaient la patience et l’activité du fameux ermite saint Dominique-l’Encuirassé[2], qu’en six jours il acquittait

    gent, environ une livre sterling. La monnaie d’Angleterre se trouve réduite à un tiers de sa valeur primitive, et celle de France à un cinquième.

  1. À chaque centaine de coups, le pénitent se sanctifiait en récitant un psaume ; et tout le psautier, avec l’accompagnement de quinze mille coups d’étrivière, acquittait cinq années de pénitence canonique.
  2. La Vie et les exploits de saint Dominique-l’Encuirassé ont été rapportés par Pierre Damien, son admirateur et son ami. Voyez Fleury (Hist. ecclés., t. XIII, p. 96-104). Baronius (A. D. 1056, no 7) observe, d’après Damien,