Aller au contenu

Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/394

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chevaliers et de leur suite ordinaire[1] ; ainsi, sans compter les troupes légères, les paysans, les femmes, les enfans, les prêtres et les moines, il faut évaluer la totalité au moins à quatre cent mille âmes. Tout fut en mouvement dans l’Occident, depuis Rome jusqu’à la Bretagne. Les rois de Bohême et de Pologne obéirent aux ordres de Conrad ; le témoignage unanime des Grecs et des Latins atteste que les agens de Byzance, après avoir compté neuf cent mille âmes au passage d’une rivière ou d’un défilé, renoncèrent à suivre cet effrayant dénombrement[2]. À la troisième croisade, l’armée de Frédéric-Barberousse fut moins nombreuse, parce que les Anglais et les Français préférèrent la navigation de la Méditerranée. Quinze mille chevaliers et autant d’écuyers composaient la fleur de la chevalerie allemande ; soixante mille chevaux et cent mille hommes d’infanterie passèrent en revue devant l’empereur dans les plai-

  1. Guillaume de Tyr et Matthieu Paris comptent dans chaque armée soixante-dix mille loricati.
  2. Cinnamus cite ce dénombrement imparfait (εννενηκοντα μνριαδες), et il est confirmé par Odon de Diogile, apud Ducange, ad Cinnamum, au nombre exact de neuf cent mille cinq cent cinquante-six : pourquoi donc la traduction et le commentaire adoptent-ils le calcul insuffisant de neuf cent mille ? Godefroi de Viterbe ne s’écrie-t-il pas (Panthéon, p. XIX, in Muratori, t. VII, p. 462) :

    Numerum si poscere quæras,
    Millia millena milites agmenterat ?