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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/425

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le sultan ne s’accorda ni un palais ni un jardin destinés à son luxe personnel. Dans un siècle de fanatisme, les vertus naturelles d’un héros fanatique subjuguèrent l’estime et l’admiration des chrétiens : l’empereur d’Allemagne se glorifiait de son amitié[1] ; l’empereur grec sollicitait son alliance[2], et la conquête de Jérusalem répandit et enfla peut-être sa renommée dans l’Orient et dans l’Occident.

Sa conquête du royaume de Jérusalem. A. D. 1187. Juillet 5.

Le royaume de Jérusalem dut sa courte existence[3] aux discordes des Turcs et des Sarrasins. Les califes fatimites et les sultans de Damas se laissèrent entraîner à sacrifier la cause de leur religion à quelques avantages présens et personnels. Mais les forces de l’Égypte, de la Syrie et de l’Arabie se trouvaient alors réunies sous l’empire d’un héros que la nature et la fortune semblaient avoir armé contre les chrétiens ; tout, autour de Jérusalem, portait un aspect menaçant ; tout, au dedans, était faible et ruiné. Après la mort des deux Baudouin, l’un frère et l’autre cousin de Godefroi de Bouillon, le sceptre passa à Mélisende, fille du second Baudouin, et à son mari Foulques, comte d’Anjou, tige, par un premier mariage, de nos Plantagenet d’Angleterre. Leurs deux fils, Baudouin III et Amauri,

  1. Anonym. Canisii, t. III, part. II, p. 504.
  2. Bohadin, p. 129, 130.
  3. Relativement au royaume latin de Jérusalem, voyez Guillaume de Tyr, depuis le neuvième jusqu’au vingt-deuxième livre. Jacques de Vitry, Hist. Hieros., l. I, et Sanut, Secreta fidelium crucis, l. III, part. VI, VII, VIII, IX.