Aller au contenu

Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/451

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Naples et d’Allemagne formèrent une armée puissante ; et la renommée grossit jusqu’à soixante mille le nombre des pèlerins d’Angleterre, Mais les lenteurs volontaires ou inévitables de ces immenses préparatifs consommèrent les provisions et les forces des plus pauvres pèlerins : l’armée s’éclaircit par les maladies et par la désertion, et l’été brûlant de la Calabre anticipa sur les ravages d’une campagne de Syrie. Enfin l’empereur mit à la voile de Brindes avec une flotte et une armée de quarante mille hommes. Mais il ne tint la mer que trois jours, et cette retraite précipitée, que ses amis attribuèrent à une grave indisposition, fut imputée, par ses ennemis, à une désobéissance volontaire et opiniâtre. Pour avoir rompu son vœu, Frédéric fut excommunié par Grégoire IX, qui l’excommunia une seconde fois l’année suivante, pour avoir osé l’accomplir[1]. Tandis qu’il se croisait en Palestine, on prêchait contre lui une croisade en Italie ; et, à son retour, on le força de demander pardon des injures qu’il avait reçues. Les ordres militaires et le clergé de la Palestine étaient avertis d’avance qu’ils devaient lui désobéir et rejeter toute communication avec un excommunié. Enfin, dans ses propres états et dans son camp, l’empereur fut contraint de permettre qu’on ne donnât les ordres qu’au nom de Dieu et de la république chrétienne, sans faire mention du sien. Frédéric entra dans Jéru-

  1. Le pauvre Muratori sait bien qu’en penser, mais il ne sait qu’en dire : « Chino qui il capo, etc. », p. 322.