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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/64

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mes dans un camp ouvert où tout reposait sur la confiance publique, était aussi puni comme le plus dangereux. Il se trouvait d’ailleurs parmi les Barbares un assez grand nombre d’individus dont les vertus naturelles suppléaient pour eux aux lois en perfectionnant leurs mœurs, qui remplissaient les devoirs de la vie sociale, et en éprouvaient toutes les affections.

Établissement et incursions des Hongrois. A. D. 889.

Les hordes turques, après avoir long-temps erré, tantôt mises en fuite, et tantôt victorieuses, s’approchèrent des frontières communes de l’empire des Francs et de l’Empire grec. Leurs premières conquêtes et leurs établissemens définitifs s’étendirent des deux côtés du Danube, au-dessus de Vienne, au-dessous de Belgrade, et au-delà des bornes de la province romaine de Pannonie ou du royaume moderne de la Hongrie[1]. Sur ce vaste et fertile territoire étaient répandus les Moraves, tribu d’esclavons, qu’ils repoussèrent et resserrèrent dans l’enceinte d’un petit canton. L’empire de Charlemagne s’étendait, du moins de nom, jusqu’aux confins de la Transylvanie ; mais, après l’extinction de sa lignée légitime, les ducs de la Moravie cessèrent de rendre obéissance et tribut aux monarques de la France orientale. Le bâtard Arnolphe se laissa entraîner, par le ressentiment, à demander le secours des Turcs ; ils se précipitèrent à travers les barrières que leur avait ouvertes son imprudence, et on a justement

  1. Voyez Katona, Hist. ducum Hungar., p. 321-352.