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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/82

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la barbarie, les Normands avaient enrichi la ville esclavonne de Julin, qu’ils avaient eu soin de se ménager comme entrepôt de commerce[1]. De ce port situé à l’embouchure de l’Oder, les corsaires et les marchands arrivaient en quarante-trois jours aux côtes orientales de la Baltique. Les peuplades les plus éloignées se mêlaient, et les bocages sacrés de la Courlande étaient, dit-on, ornés de l’or de la Grèce et de l’Espagne[2]. On découvrit une communication facile entre Novogorod et la mer ; on traversait du-

  1. In Odoræ ostio quâ scythicas alluit paludes, nobilissima civitas Julinum, celeberrimam, Barbaris et Græcis qui sunt in circuitu præstans stationem ; est sane maxima omnium quas Europa claudit civitatum (Adam de Brème, Hist. eccles., p. 19) ; étrange exagération, même pour un écrivain du onzième siècle ! Anderson (Histor. Deduction of Commerce) a traité avec soin ce qui a rapport au commerce de la Baltique et à la ligue anséatique ; je ne connais pas sur cette matière, du moins dans les langues qui nous sont familières, d’ouvrage aussi complet.
  2. Selon Adam de Brême (De situ Daniæ, p. 58), l’ancienne Courlande se prolongeait sur la côte l’espace de huit journées ; et Pierre le Teutoburgien (p. 68, A. D. 1326) donne Memel pour la frontière commune de la Russie, de la Courlande et de la Prusse. Aurum ibi plurimum (dit Adam) divinis, auguribus atque necromanticis omnes domus sunt plenæ… à toto orbe ibi responsa petuntur maxime ab Hispanis (forsan Zupanis, id est regulis Lettoviæ) et Græcis. On donnait aux Russes le nom de Grecs, même avant leur conversion ; conversion bien imparfaite, s’ils persistèrent dans l’usage de consulter les sorciers de Courlande (Bayer, t. X, p. 378-402, etc. ; Grotius, Prolegomen., ad Hist. goth., p. 99).