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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/86

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monoxyla, canots d’une seule pièce, convenait bien à la quille de leurs navires. Ce n’était autre chose qu’une longue tige de hêtre ou de bouleau creuse ; mais sur cette base légère et étroite, prolongée au moyen de planches jusqu’à soixante pieds de longueur, on élevait des bordages à la hauteur d’environ douze pieds. Ces navires n’avaient point de pont ; mais ils avaient deux gouvernails et un mât : ils marchaient à la rame et à la voile, et portaient de quarante à soixante-dix hommes avec les armes nécessaires, et des provisions d’eau douce et de poisson salé. Les Russes employèrent deux cents bateaux dans leur première expédition ; mais lorsqu’ils déployaient toutes les forces de la nation, ils pouvaient conduire mille ou douze cents navires sous les murs de Constantinople. Leur flotte n’était guère inférieure à celle d’Agamemnon, mais les Grecs effrayés la supposaient dix ou quinze fois plus forte et plus nombreuse. Avec de la prévoyance et de la vigueur, les empereurs auraient pu trouver moyen de fermer, par une flotte, l’embouchure du Borysthène. La côte d’Anatolie se vit, par leur indolence, en proie aux pirates qu’on n’avait pas rencontrés dans l’Euxin depuis six siècles ; mais, tant que la capitale fut respectée, les malheurs d’une province éloignée échappèrent à l’attention du prince et des historiens. L’orage, qui avait balayé les rives du

    en excepte les armes à feu, ce qu’il dit des modernes Cosaques s’applique parfaitement aux anciens Russes.