Aller au contenu

Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Grecs fait naître des doutes sur la vérité, ou du moins sur l’importance de la seconde tentative faite par Oleg, tuteur des fils de Ruric[1]. Une barrière bien fortifiée et garnie de soldats défendait le Bosphore ; les Russes éludèrent cet obstacle comme ils étaient accoutumés à le faire, en traînant leurs embarcations par-dessus l’isthme ; les chroniques nationales parlent de cet expédient bien simple, comme si la flotte russe avait navigué sur la terre au moyen d’un vent favorable. [La troisième. A. D. 941.]Igor, fils de Ruric, qui commanda la troisième expédition, avait choisi un moment de faiblesse et d’embarras, où les armées navales de l’empire étaient employées contre les Sarrasins ; mais où ne manque pas le courage, il est rare de manquer de moyens de défense. On lança hardiment contre l’ennemi quinze galères brisées et en désordre ; mais, au lieu d’une seule bouche de feu grégeois qu’on établissait ordinairement sur la proue, les flancs et l’arrière de ces quinze navires en furent abondamment pourvus. Les artificiers étaient habiles, le temps était favorable ; des milliers de Russes, qui aimèrent mieux se noyer que devenir la proie des flammes, sautèrent dans la mer ; et ceux qui se réfugièrent sur la côte de Thrace furent

  1. Voyez Nestor et Nicon, dans l’Histoire de Russie de M. Lévesque, tom. I, p. 74-80 ; Katona, (Hist. Ducum, p. 75-79) use de ses avantages pour rejeter cette victoire des Russes, qui diminuerait l’éclat du siége de Kiow par les Hongrois.