Aller au contenu

Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sa défaite par Jean Zimiscès. A. D. 970-973.

Nicéphore n’était plus en état de repousser le mal que lui-même avait attiré, lorsque son trône et sa femme passèrent à Jean Zimiscès, qui, sous une petite taille, cachait le courage et les talens d’un héros[1]. La première victoire de ses lieutenans priva les Russes de leurs alliés étrangers, dont vingt mille furent ou tués ou entraînés à la révolte, ou enfin prirent le parti de la désertion. La Thrace était délivrée ; mais soixante-dix mille Barbares demeuraient en armes, et les légions qu’on avait rappelées des nouvelles conquêtes de la Syrie se disposèrent à marcher au printemps sous les drapeaux d’un prince guerrier qui se déclarait l’ami et le vengeur des Bulgares. Les défilés du mont Hémus n’avaient pas été gardés ; les troupes de l’empire les occupèrent sur-le-champ : l’avant-garde romaine était composée des immortels, nom orgueilleux imité des Persans ; l’empereur conduisait un corps de dix mille cinq cents fantassins ; le reste de ses forces, le bagage et les machines de guerre venaient ensuite lentement et avec précaution. Pour premier exploit, Zimiscès réduisit en deux jours Marcianopolis ou Peristh-

  1. L’épithète singulière de Zimiscès vient de la langue arménienne : les Grecs traduisaient le mot de ζιμισκης par celui de μο‌υζακιζης ou de μοιρακιζης. Comme j’ignore également le sens de ces deux expressions, il doit m’être permis de demander, comme dans la comédie, je vous prie, lequel de vous deux est l’interprète ? Mais, d’après la manière dont ils sont composés, ils paraissent signifier adolescentulus (Leo Diacon, l. IV, MS, ap. Ducange, Gloss. græc., p. 1570).