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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/10

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Leur aversion pour les Latins.

Dans le cours de cette histoire, l’aversion des Grecs pour les Latins s’est souvent montrée à découvert. Elle devait sa première origine à la haine de ces derniers pour la servitude, enflammée depuis le règne de Constantin par l’orgueil de l’égalité et celui de la domination, et envenimée dans la suite par la préférence que des sujets rebelles avaient donnée à l’alliance des Francs. Dans tous les temps, les Grecs s’enorgueillirent de la supériorité de leur érudition religieuse et profane. Ils avaient reçu les premiers la lumière du christianisme, et prononcé les décrets de sept conciles généraux. Leur langue était celle de la sainte Écriture et de la philosophie ; des Barbares, plongés dans les ténèbres de l’Occident[1], ne devaient pas prétendre à discuter les questions mystérieuses de la science théologique. Ces Barbares méprisaient à leur tour l’inconstance et la subtilité des Orientaux, auteurs de toutes les hérésies ; ils bénissaient leur propre ignorance, qui se contentait de suivre avec docilité la tradition de l’Église apostolique. Dans le septième siècle cependant les synodes d’Espagne, et ensuite ceux de France, perfectionnèrent ou corrompirent le symbole de Nicée relativement au mystère de la troisième personne de la Tri-

  1. Ανδρες δυσσεβεις και αποτροπαιοι, ανδρες εκ οκοτο‌υς αναδυντες, της γαρ Εσπεριο‌υ μοιρας υπηρχον γεννηματα (Photius, Épistol., p. 47, édition de Montacut). Le patriarche d’Orient continue à employer les images du tonnerre, de tremblemens de terre, de grêle, précurseurs de l’anté-christ, etc.