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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/111

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Bulgares, guettant avec soin les progrès du mécontentement des Grecs, se montra sensible à leurs malheurs, et promit de soutenir de sa personne et de toutes les forces de son royaume, les premiers efforts qu’ils tenteraient pour recouvrer leur liberté. La haine nationale étendit la conjuration et assura en même temps le secret et la fidélité. Les Grecs désiraient avec impatience le moment de plonger un poignard dans le sein de leurs ennemis victorieux ; mais ils attendirent prudemment que Henri, frère de l’empereur, eût emmené la fleur des troupes au-delà de l’Hellespont. La plupart des villes et des villages de la Thrace se montrèrent exacts au moment et au signal convenus ; et les Latins, sans armes et sans soupçons, se trouvèrent en proie à l’impitoyable et lâche vengeance de leurs esclaves. De Demotica, où commença cette scène de massacres, quelques vassaux du comte de Saint-Pol cherchèrent un asile à Andrinople ; mais la populace furieuse avait ou chassé ou immolé les Français et les Vénitiens. Celles des garnisons qui parvinrent à faire leur retraite, se rencontrèrent sur la route de la capitale ; et les forteresses isolées, qui résistaient aux rebelles, ignoraient mutuellement leur sort et celui de leur souverain. La renommée et la terreur annoncèrent au loin la révolte des Grecs et l’approche rapide du roi des Bulgares ; Joannice avait ajouté à ses troupes nationales

    ses réclamations et ses plaintes (Gesta Innocent. III, c. 108, 109) ; on le chérissait à Rome comme l’enfant prodigue.