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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/142

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la plus basse des murailles, un vieux Grec avait promis d’introduire une partie de ses compatriotes, par un souterrain, jusque dans sa maison, d’où ils pourraient passer dans la ville et rompre en dedans la porte d’Or qu’on n’ouvrait plus depuis long-temps, et le conquérant devait être maître de Byzance avant que les Latins fussent avertis du danger. Après avoir hésité quelque temps, Alexis s’en fia au zèle des volontaires ; ils étaient hardis et confians ; ils réussirent : et ce que j’ai dit du plan de l’entreprise apprend quels en furent l’exécution et le succès[1]. Alexis n’eut pas plus tôt passé le seuil de la porte d’Or, qu’il trembla de sa témérité ; il s’arrêta, il délibéra, mais ses volontaires désespérés le déterminèrent à avancer, en lui peignant la retraite comme difficile et plus dangereuse que l’attaque. Tandis qu’Alexis tenait ses troupes régulières en ordre de bataille, les Comans se dispersèrent de tous côtés. On sonna l’alarme ; et les menaces de pillage et d’incendie forcèrent les habitans à prendre un parti décisif. Les Grecs de Constantinople conservaient de l’attachement pour leurs anciens souverains. Les marchands génois considéraient l’alliance récente de leur république avec le prince grec et la rivalité des Vénitiens ; tous les quartiers prirent les armes, et l’air retentit d’une

  1. Les Latins racontent brièvement la perte de Constantinople ; la conquête est détaillée avec plus de satisfaction par les Grecs ; savoir, par Acropolita (c. 85), Pachymères (l. II, c. 26, 27), Nicéphore Grégoras (l. IV, c. 1, 2). Voyez Ducange, Hist. de C. P., l. V, c. 19-27.