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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/160

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3o. Les Courtenai d’Angleterre.

III. Selon les anciens registres de l’abbaye de Ford, les Courtenai de Devonshire descendent du prince Florus, second fils de Pierre et petit-fils de Louis-le-Gros[1]. Cette fable, inventée par la reconnaissance ou la vénalité des moines, a été trop facilement adoptée par nos antiquaires Camden[2] et Dugdale[3] ; mais elle se rapporte si peu au temps et elle est si clairement contraire à la vérité, que la fierté judicieuse de la famille refuse d’adopter ce fondateur imaginaire. Les historiens les plus dignes de confiance croient qu’après avoir donné sa fille en mariage au fils du roi, Renaud de Courtenai abandonna ses possessions de France, et obtint du monarque anglais une seconde femme et un nouvel établissement. Il est certain du moins que Henri II distingua dans ses camps et dans ses conseils un Reginald du même nom, portant les mêmes armes, et que l’on

  1. Dugdale, Monasticon anglicanum, vol. I, p. 786. Cependant cette fable doit avoir été inventée avant le règne d’Édouard III. Les profusions pieuses des trois premières générations en faveur de l’abbaye de Ford, furent suivies de tyrannie d’une part, et d’ingratitude de l’autre ; et à la sixième génération, les moines cessèrent d’enregistrer la naissance, les actions et la mort de leur patron.
  2. Dans sa Britannia, la liste des comtes de Devon indique cependant un doute par l’expression è regio sanguine ortos credunt.
  3. Dans son Baronnage (part. I, p. 634), il renvoie à son propre Monasticon. N’aurait-il pas dû corriger les registres de l’abbaye de Ford, et effacer le fantôme de Florus par l’autorité irrécusable des historiens français ?