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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/183

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laissé tomber dans sa fuite précipitée. On convoqua sur-le-champ une assemblée des prélats, des nobles et des sénateurs ; et jamais peut-être événement ne causa une joie plus vive et plus universelle. Le nouveau souverain de Constantinople se félicita, dans un discours étudié, de sa fortune et de celle de la nation. « Il fut un temps, dit-il, un temps bien éloigné, où l’Empire des Romains s’étendait de la mer Adriatique au Tigre, et jusqu’aux confins de l’Éthiopie. Après la perte des provinces, la capitale elle-même, dans ces jours de calamité, a été envahie par les Barbares d’Occident. Du dernier degré du malheur, le flot de la prospérité nous a soulevés de nouveau ; mais nous étions toujours exilés et fugitifs ; et quand on nous demandait où était la patrie des Romains, nous indiquions en rougissant le climat du globe et la région du ciel. La Providence divine a favorisé nos armes : elle nous a rendu la ville de Constantin, le siége de l’empire et de la religion. Notre valeur et notre conduite peuvent faire, de cette précieuse acquisition, le présage et le garant de nouvelles victoires. » [Retour de l’empereur grec. 14 août. A. D. 1261.]Telle était l’impatience du prince et du peuple, que vingt jours après l’expulsion des Latins, Michel entra triomphant dans Constantinople. À son approche on ouvrit la porte d’Or ; le pieux conquérant descendit de son cheval, et fit porter devant lui une image miraculeuse de Marie la conductrice, afin que la Vierge semblât le conduire elle-même au temple de son fils, la cathédrale de Sainte-Sophie. Mais après les premiers trans-