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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/193

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l’exemple du grand Vatacès, et le clergé grec, qui pénétrait les intentions du prince, ne s’alarma point des premières démarches de respect et de réconciliation. Mais lorsqu’il voulut presser la conclusion du traité, les prélats déclarèrent positivement que les Latins étaient, non-seulement de nom, mais de fait, des hérétiques, et qu’ils les méprisaient comme la plus vile portion de l’espèce humaine[1]. L’empereur tâcha de persuader, d’intimider ou de corrompre les ecclésiastiques les plus estimés du peuple, et d’obtenir individuellement leurs suffrages. Il se servit alternativement des motifs de la sûreté publique et des argumens de la charité chrétienne. On pesa le texte des pères et les armes des Français dans la balance de la politique et de la théologie ; et sans approuver le supplément ajouté au symbole de Nicée, les plus modérés furent amenés à avouer qu’ils croyaient possible de concilier les deux propositions qui occasionnaient le schisme, et de réduire la procession du Saint-Esprit, du père par le fils, ou du père et du fils, à un sens catholique et orthodoxe[2].

  1. À raison de leurs relations mercantiles avec les Génois et les Vénitiens, les Grecs appelaient avec insulte les Latins καπηλοι et βαναυσοι (Pachymères, l. V, c. 10). « Les uns sont hérétiques de nom, et les autres de fait. » comme les Latins, dit le savant Veccus (l. V, c. 12) qui se convertit peu de temps après (c. 15, 16), et fut fait patriarche (c. 24).
  2. Dans cette classe, nous pouvons placer Pachymères lui-même, dont le récit complet et impartial occupe les livres cinq et six de son histoire. Cependant il ne parle point