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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/243

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monie déguise mal la rebellion, et aucune injure personnelle ne peut sans doute excuser un sujet qui prend les armes contre son souverain : mais le manque de préparatifs et de succès peut confirmer ce que nous assure Cantacuzène, qu’il fut entraîné dans cette entreprise décisive moins par choix que par nécessité. Constantinople resta fidèle au jeune empereur. On sollicita le roi des Bulgares de secourir Andrinople. Les principales villes de la Thrace et de la Macédoine, après avoir hésité quelque temps, abandonnèrent le parti du grand-domestique ; et les chefs des troupes et des provinces pensèrent que leur intérêt particulier devait les engager à préférer le gouvernement sans vigueur d’une femme et d’un prêtre. L’armée de Cantacuzène, partagée en seize divisions, se cantonna sur les bords du Mélas, pour contenir ou intimider la capitale. La terreur ou la trahison dispersa ses troupes, et les officiers, particulièrement les Latins mercenaires, acceptèrent les présens de la cour de Byzance et passèrent à son service. Après cet événement, l’empereur rebelle, car sa fortune flottait entre ces deux titres, se retira vers Thessalonique avec un reste de soldats choisis. Mais il échoua dans son entreprise sur cette place importante, et son ennemi Apocaucus le poursuivit par terre et par mer à la tête de forces très-supérieures. Chassé de la côte, Cantacuzène, en se retirant ou plutôt en fuyant dans les montagnes de Servie, assembla ses soldats dans le dessein de ne conserver que ceux qui offriraient volontairement