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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/279

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forces contre les riches et pacifiques habitans du Midi. Ses ancêtres avaient été tributaires des empereurs de la Chine, et Témugin lui-même s’était abaissé à recevoir un titre d’honneur et de servitude. La cour de Pékin reçut avec surprise une ambassade de son ancien vassal, qui, du ton d’un roi, prétendait lui imposer le tribut de subsides et d’obéissance qu’il avait précédemment payé lui-même, et affectait de traiter le fils du ciel avec le plus grand mépris. Les Chinois déguisèrent leurs craintes sous une réponse hautaine, et ces craintes furent bientôt justifiées par la marche d’une nombreuse armée, qui perça de tous côtés à travers la faible barrière de leur grand mur. Les Mongouls prirent quatre-vingt-dix villes d’assaut ou par famine. Les dix dernières se défendirent avec succès ; et Gengis, qui connaissait la piété filiale des Chinois, couvrit son avant-garde de leurs parens captifs ; indigne abus de la vertu de ses ennemis, qui insensiblement cessa de répondre au but qu’il se proposait. Cent mille Khitans, qui gardaient la frontière, se révoltèrent et se joignirent aux Tartares. Le vainqueur consentit cependant à traiter : une princesse de la Chine, trois mille chevaux, cinq cents jeunes hommes, autant de vierges, et un tribut d’or et d’étoffes de soie furent le prix de sa retraite. Dans sa seconde expédition, il força l’empereur de la Chine à se retirer au-delà de la rivière Jaune, dans une résidence plus méridionale. Le siége de Pékin fut long et difficile[1] ; la famine réduisit

  1. Plus proprement Yen-king, une ancienne ville dont