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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/282

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sa discipline un pays étranger avec plus de vigueur et de succès qu’ils n’avaient défendu leur patrie. Les historiens persans racontent les siéges et la réduction d’Otrar, Cogende, Bochara, Samarcande, Carizme, Hérat, Merou, Nisabour, Balch, et Candahar, et la conquête des riches et populeuses contrées de la Transoxiane, de Carizme et du Khorazan ; les ravages de Gengis et des Mongouls nous ont déjà servi à donner une idée de ce qu’avaient pu être les invasions des Huns et d’Attila, et je me contenterai d’observer que depuis la mer Caspienne jusqu’à Indus, les conquérans convertirent en un désert une étendue de plusieurs centaines de milles, que la main des hommes avait cultivée et ornée de nombreuses habitations, et que cinq siècles n’ont pas suffi à réparer le ravage de quatre années. L’empereur mongoul encourageait ou tolérait les fureurs de ses soldats : emportés par l’ardeur du carnage et celle du pillage, ils oubliaient toute idée de jouissance future, et la cause de la guerre excitait encore leur férocité par les prétextes de la justice et de la vengeance. La chute et la mort du sultan Mohammed, qui, abandonné de tous et sans exciter de pitié, expira dans une île déserte de la mer Caspienne, sont une faible expiation des calamités dont il fut l’auteur. Son fils Gélaleddin arrêta souvent les Mongouls dans la carrière de la victoire ; mais la valeur d’un seul héros ne suffisait pas pour sauver l’empire des Carizmiens : écrasé par le nombre dans une retraite qu’il faisait sur les bords de l’Indus, Gélaleddin poussa