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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/309

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d’une faible paye, avec la liberté de rester chez eux lorsqu’on n’avait pas besoin de leurs services. La rudesse de leurs mœurs et leur caractère séditieux déterminèrent Orchan à élever ses jeunes captifs de manière à en faire des soldats du prophète et une partie de ses troupes ; mais les paysans turcs conservèrent le privilége de former à la suite de l’armée un corps de cavalerie sous le nom de partisans. Par ses soins et son intelligence, il parvint à se créer une armée de vingt-cinq mille musulmans ; il fit construire les machines nécessaires pour le siége ou l’attaque des villes, et en fit usage pour la première fois et avec succès contre Nicée et Nicomédie. [Il fait la conquête de la Bithynie. A. D. 1326-1339.]Orchan accorda des sauf-conduits à tous ceux qui voulurent se retirer avec leurs familles et leurs effets ; mais il disposa des veuves des vaincus en faveur des conquérans qui les épousèrent ; les livres, les vases et les images furent achetés ou rachetés par les habitans de Constantinople. L’empereur Andronic le jeune fut vaincu et blessé par Orchan[1] qui soumit toute la province ou le royaume de Bithynie jusqu’aux rives du Bosphore ou de l’Hellespont, et les chrétiens ne purent méconnaître la justice et la clé-

  1. Quoique Cantacuzène raconte les batailles et la fuite héroïque d’Andronic le jeune (l. II, c. 6, 7, 8), il dissimule la perte de Pruse, de Nicée et de Nicomédie, que Nicéphore Grégoras avoue clairement (l. VIII, 15 ; IX, 9, 13 ; XI, 6). Il paraît qu’Orchan prit Nicée en 1330, et Nicomédie en 1339 ; ce qui ne se rapporte pas tout-à-fait aux dates turques.