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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/333

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vaient à sa raison et à ses forces. Il priva son fils bien-aimé, son collègue et son successeur, d’une jeune et belle princesse de Trébisonde ; et tandis que le vieillard épuisé s’efforçait de consommer son mariage, le jeune Manuel se rendait aux ordres de la Porte ottomane, suivi de cent Grecs des plus illustres maisons. Ils servirent avec honneur dans les armées de Bajazet ; mais l’entreprise de rétablir les fortifications de Constantinople irrita le prince ottoman, il menaça leur vie ; on démolit aussitôt les nouveaux ouvrages, et c’est peut-être faire trop d’honneur à la mémoire de Jean Paléologue que d’attribuer sa mort à cette dernière humiliation.

L’empereur Manuel, A. D. 1391-1425, Juillet 25.

Manuel, promptement averti de cet événement, s’échappa secrètement et en diligence du palais de Bursa et prit possession du trône de Constantinople. Bajazet, affectant de mépriser la perte de ce précieux otage, poursuivit ses conquêtes en Asie et en Europe, tandis que le nouvel empereur de Byzance faisait la guerre à son neveu, Jean de Sélymbrie, qui défendit durant huit années ses droits légitimes à la succession des restes de l’empire. Le victorieux sultan voulut enfin terminer ses exploits par la conquête de Constantinople ; mais il se rendit aux représentations de son visir, qui lui fit craindre que cette entreprise n’attirât contre lui une seconde et plus redoutable croisade de tous les princes de la chrétienté. [Détresse de Constantinople. A. D. 1395-1402.]Bajazet écrivit à l’empereur grec une lettre conçue dans ces termes : « Par la faveur divine, notre invincible cimeterre a réduit sous notre obéissance presque toute