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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/352

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respondaient aux quatre-vingt douze noms ou qualités du prophète Mahomet. Entre le Gihoon et l’Indus, ils traversèrent une des chaînes de montagnes que les géographes arabes appellent les ceintures de pierre de la terre. Les brigands qui les habitaient furent vaincus ou exterminés ; mais un grand nombre d’hommes et de chevaux périt dans les neiges, et l’empereur se fit descendre lui-même dans un précipice sur un échafaud portatif dont les cordes avaient cent cinquante coudées de longueur ; et avant d’atteindre au fond il fallut répéter cinq fois cette opération dangereuse. Timour passa l’Indus à Attock, et traversa successivement, en suivant les traces d’Alexandre, le Punjab ou les cinq rivières[1] qui se jettent dans le principal courant. D’Attock à Delhi on ne compte que six cents milles par la route ordinaire ; mais les deux conquérans se détournèrent vers le sud-est, et Timour eut pour motif de rejoindre son petit-fils, qui venait d’achever par son ordre la conquête de Moultan. Le héros macédonien s’arrêta sur le bord oriental de l’Hyphase, à l’entrée du désert, et versa des larmes ; mais le Mongoul pénétra dans le désert, réduisit la forteresse de Batnir, et parut à la tête de son armée aux portes

  1. L’incomparable carte que le major Rennel a donnée de l’Indoustan, a fixé pour la première fois avec vérité et exactitude la position et le cours du Punjab ou des cinq branches orientales de l’Indus. Il explique avec discernement et clarté dans son Mémoire critique, la marche d’Alexandre et celle de Timour.