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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/369

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plus chéri de ses petits-fils, courut à Bursa, suivi de trente mille chevaux : transporté par l’ardeur de la jeunesse, il arriva avec quatre mille seulement, en cinq jours de marche, aux portes de la capitale, et à deux cent trente milles du lieu d’où il était parti. Mais le vol de la terreur est encore plus rapide ; et Soliman, fils de Bajazet, était déjà passé en Europe avec le trésor de son père. Ils trouvèrent cependant des dépouilles immenses dans la ville et dans le palais : les habitans avaient disparu ; mais les maisons, presque toutes construites en bois, furent réduites en cendres. De Bursa, Mehemmed s’avança vers Nicée, ville encore riche et florissante, et les escadrons mongouls ne s’arrêtèrent qu’au bord de la Propontide. Les émirs et Mirza eurent tous le même succès dans leurs excursions. Smyrne, défendue par le zèle et la valeur des chevaliers de Rhodes, mérita seule la présence de l’empereur. Après une résistance opiniâtre, les Mongouls l’emportèrent d’assaut, passèrent tout au fil de l’épée, sans distinction, et leurs machines lancèrent les têtes des héros chrétiens sur deux caraques européennes qui étaient à l’ancre dans le port. Les musulmans d’Asie se réjouirent d’être délivrés d’un dangereux ennemi domestique ; et l’on observa en faisant la comparaison des deux rivaux, que Timour avait réduit en quatorze jours une forteresse qui avait soutenu durant sept années le siége ou du moins le blocus de Bajazet[1].

  1. Dans la guerre de Roum ou de l’Anatolie, j’ai ajouté