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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/374

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témoins oculaires avaient instruit le Pogge de sa discipline et de ses exploits ; et il ne néglige point de citer à l’appui de son sujet l’exemple du monarque ottoman que le Tartare enferma dans une cage de fer comme un animal féroce, et donna en spectacle à toute l’Asie. Je pourrais ajouter l’autorité de deux chroniques italiennes peut-être d’une date plus moderne, qui servent au moins à prouver que cette histoire, vraie ou fausse, se répandit dans toute l’Europe avec la première nouvelle de la révolution[1]. [3o. Par les Arabes.] 3o. Dans le temps où le Pogge florissait à Rome, Ahmed Ebn Arabshah composait à Damas son élégante et malveillante histoire de Timour, dont il avait rassemblé les matériaux dans ses voyages en Turquie et en Tartarie[2]. L’écrivain latin et l’arabe, entre lesquels toute correspondance paraît impossible, conviennent l’un et l’autre de la cage de fer, et cet accord annonce évidemment leur véracité. Arabshah raconte encore que Bajazet essuya un autre outrage d’une nature plus sensible. Les expressions indiscrètes d’une de ses lettres sur les femmes et sur

  1. Chronicon Tarvisianum (in Muratori, Script. rerum ital., t. XIX, p. 800) et les Annales Estenses (t. XVIII, p. 974). Les deux auteurs, André de Redusiis de Quero et Jacques de Delaito, étaient contemporains et tous deux chanceliers, l’un de Trévise et l’autre de Ferrare. Le témoignage du premier est le plus positif.
  2. Voy. Arabshah, t. II, c. 28, 34. Il voyagea in regiones Rumæas, A. H. 839 (A. D. 1435, juillet 27), t. II, c. 2, p. 13.