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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/383

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de sa vie à reculer les bornes de son empire, le conquérant ne connut le vrai bonheur que durant les deux mois qu’il cessa d’exercer sa puissance. Mais il ne tarda pas à s’occuper du gouvernement et des préparatifs d’une nouvelle guerre. On déploya l’étendard impérial, et l’expédition contre la Chine fut annoncée. Les émirs firent le relevé des rôles d’une armée composée de deux cent mille hommes, tous soldats choisis, et qui avaient fait les guerres d’Iran et de Touran ; cinq cents vastes chariots et un train immense de chevaux et de chameaux transportèrent les bagages et les provisions ; et les troupes destinées à faire un trajet que les caravanes les plus heureuses n’achevaient pas en moins de six mois, se préparèrent à une longue absence. [Timour meurt dans sa marche en Chine. A. D. 1405, 1er avril.]Timour ne fut retenu ni par son âge ni par la rigueur de 1 hiver ; il monta à cheval, traversa le Gihoon sur la glace, marcha jusqu’à soixante-dix parasanges ou trois cents milles de sa capitale, et prit son dernier camp dans les environs d’Otrar, où l’attendait l’ange de la mort. La fatigue et l’usage imprudent de l’eau à la glace augmentèrent la fièvre qui l’avait saisi, et le conquérant de l’Asie expira dans la soixante-dixième année de son âge, trente-cinq ans après son élévation sur le trône du Zagatai. Ses projets disparurent avec lui, ses armées se débandèrent, la Chine fut sauvée, et le plus puissant de ses fils sollicita, quatorze ans après, par des ambassadeurs, un traité de commerce et d’alliance avec la cour de Pékin[1].

  1. Voyez la traduction de la relation persane de l’am-