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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/44

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qui les animaient[1]. Les Vénitiens avaient rempli et même passé leurs engagemens ; ils avaient construit des écuries pour les chevaux et des baraques pour les soldats. Les magasins étaient abondamment pourvus de fourrages et de provisions ; les bâtimens de transport, les vaisseaux et les galères n’attendaient pour mettre à la voile que le paiement stipulé par le traité pour le fret et l’armement ; mais cette somme excédait de beaucoup les richesses réunies de tous les pèlerins assemblés à Venise. Les Flamands, dont l’obéissance pour leur comte était volontaire et précaire, avaient entrepris sur leurs propres vaisseaux la longue navigation de l’Océan et de la Méditerranée ; et un grand nombre de Français et d’Italiens avaient préféré les moyens de passage moins chers et plus commodes que leur offraient Marseille et la Pouille. Ceux qui s’étaient rendus à Venise pouvaient se plaindre de ce qu’après avoir fourni leur contribution personnelle, ils se trouvaient responsables de celle des absens. Tous les chefs livrèrent volontairement au trésor de Saint-Marc leur vaisselle d’or et d’argent ; mais ce sacrifice généreux ne pouvait pas suffire, et après tous leurs efforts, il manquait trente-quatre mille marcs pour compléter la somme convenue. La politique et le patriotisme

  1. Voyez la croisade des Allemands dans l’Historia C. P. de Gunther (Can. Antiq. Lect., t. IV, p. V-VIII), qui célèbre le pèlerinage de Martin, son abbé, un des prédicateurs rivaux de Foulques de Neuilly. Son monastère de l’ordre de Cîteaux était situé dans le diocèse de Bâle.