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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/102

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ses soldats ; il désirait surtout s’assurer les trésors de Byzance, et remplissait également son devoir de musulman en offrant aux Gabours l’alternative de se faire circoncire, de payer un tribut ou de se résigner à la mort. Une somme annuelle de cent mille ducats aurait satisfait sa cupidité ; mais son ambition voulait la capitale de l’Orient. Il proposa à Constantin un équivalent de cette ville ; il proposa la tolérance aux Grecs, ou, s’ils l’aimaient mieux, la permission de se retirer en sûreté ; mais après une négociation infructueuse, il déclara qu’il trouverait un trône ou un tombeau sous les murs de Constantinople. Le sentiment de l’honneur et la crainte du blâme universel ne permirent pas à Paléologue de livrer sa capitale aux Ottomans : il résolut de souffrir les dernières extrémités de la guerre. Le sultan employa plusieurs jours aux préparatifs de l’assaut, et sa confiance dans l’astrologie, sa science favorite, laissa respirer les Grecs jusqu’au 29 mai, jour que les astres annonçaient être le jour heureux et prédestiné de la prise de Constantinople. Le 27 au soir, il donna ses derniers ordres. Il manda les chefs de ses troupes, et ses hérauts publièrent dans son camp les motifs de cette périlleuse entreprise, et excitèrent les soldats à faire leur devoir. La crainte est le premier principe d’un gouvernement despotique ; ses menaces, exprimées dans le style des Orientaux, annonçaient que quand les fugitifs et les déserteurs auraient les ailes d’un oiseau[1], ils n’échapperaient pas à son

  1. Ces ailes (Chalcocondyles, l. VIII, p. 208) ne sont