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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/111

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il fut précipité dans le fossé ; on le vit se relever sur ses genoux, mais il fut renversé de nouveau par une grêle de dards et de pierres. Toutefois il avait montré qu’on pouvait gagner le haut du rempart : bientôt un essaim de Turcs couvrit les murs et les tours, et les Grecs perdant ainsi l’avantage du terrain, furent accablés par la multitude des musulmans qui augmentait d’un moment à l’autre. On aperçut longtemps au milieu de cette foule, l’empereur[1] remplissant tous les devoirs de général et de soldat ; il disparut enfin. Les nobles qui combattaient autour de lui soutinrent jusqu’à leur dernier soupir les honorables noms de Paléologue et de Cantacuzène. On l’entendit prononcer ces douloureuses paroles : « Aucun des chrétiens ne voudra-t-il donc me couper la tête ? »[2]et sa dernière inquiétude fut de

  1. Ducas dit que l’empereur fut tué par deux soldats turcs. Si l’on en croit Chalcocondyles, il fut blessé à l’épaule et ensuite écrasé sous la porte de la ville. Phranza, entraîné par son désespoir, se précipita au milieu des Turcs, et ne fut pas témoin de la mort de Paléologue ; mais nous pouvons sans flatterie lui appliquer ces nobles vers de Dryden :
    « Quant à Sébastien, laissons-les le chercher par toute la plaine, et lorsqu’on trouvera une montagne de morts, qu’un d’eux la gravisse ; alors regardant au-dessous de lui, il le reconnaîtra à sa mâle stature, et le verra le visage tourné vers le ciel, et enseveli dans ce sanglant monument qu’a formé autour de lui sa forte épée. »
  2. Spondanus (A. D. 1453, no 10), qui espère le salut