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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/127

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met lui-même sur les ruines de l’église des Saints-Apôtres et des tombeaux des empereurs grecs. Le troisième jour après la conquête, une vision révéla le tombeau d’Abou-Ayub ou Job, qui avait été tué durant le premier siége mis devant Constantinople par les Arabes, et c’est devant le sépulcre de ce martyr que les nouveaux sultans ceignent le glaive impérial[1]. Constantinople n’appartient plus à l’historien de l’empire de Rome ; et je ne décrirai pas les édifices civils et religieux que les Turcs profanèrent ou élevèrent. La population ne tarda pas à se rétablir ; et avant la fin de septembre cinq mille familles de l’Anatolie et de la Romanie s’étaient conformées à l’ordre du prince, qui leur enjoignait, sous peine de mort, de venir occuper les habitations de la capitale. Le trône de Mahomet était gardé par de nombreux et fidèles sujets, mais sa politique éclairée aspirait à rassembler les restes des Grecs ; ceux-ci accoururent en foule, du moment où ils n’eurent plus à craindre pour leur vie, leur liberté et l’exercice de leur religion : on reprit pour l’élection et l’investiture du patriarche le cérémonial de la cour de Byzance. Ce fut avec un mélange de satisfaction et d’horreur qu’ils virent le sultan, environné de toute sa pompe, remettre aux mains de Gennadius la crosse ou le bâton pastoral, symbole de ses fonctions ecclésiastiques, le conduire

  1. Le Turbé ou monument sépulcral d’Abou-Ayub, est décrit et gravé dans le Tableau général de l’empire ottoman (Paris, 1787, grand in-folio), ouvrage qui est peut-être plus magnifique qu’utile (t. I, p. 305, 306).