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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/134

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passagère prospérité, aspira à réunir l’empire d’Orient au royaume de Naples. Au milieu d’une fête publique, il prit le titre d’Auguste et l’habit de pourpre ; les Grecs se réjouissaient, et les Ottomans tremblaient déjà de voir arriver les chevaliers français[1]. Manuel Paléologue, second fils de Thomas, voulut revoir sa patrie. Son retour pouvait être agréable à la Porte, et ne pouvait l’inquiéter ; grâces aux bontés du sultan, il vécut à Constantinople dans l’aisance, et ses funérailles furent honorées par un nombreux cortége de chrétiens et de musulmans. S’il est des animaux d’un naturel si généreux, qu’ils refusent de propager leur espèce dans la servitude, c’est dans une moins noble espèce qu’il faut ranger les derniers princes de la race impériale. Manuel accepta deux belles femmes de la générosité du grand seigneur, et laissa un fils confondu dans la

    théque du roi à Paris, le despote André Paléologue, en se réservant la Morée et quelques avantages particuliers, transmit à Charles VIII, roi de France, les empires de Constantinople et de Trébisonde (Spondanus, A. D. 1495, no 2.) M. de Foncemagne (Mém. de l’Acad. des inscript., t. XVII, p. 539-578) a donné une dissertation sur cet acte dont il avait reçu une copie de Rome.

  1. Voy. Philippe de Comines (l. VII, c. 14), qui compte avec plaisir le nombre de Grecs dont on espérait le soulèvement. Il ajoute dans ses calculs que les Français n’auraient à faire que soixante milles d’une navigation aisée, la distance de Valona à Constantinople étant seulement de dix-huit jours de marche, etc. L’empire turc fut sauvé en cette occasion par la politique de Venise.