Aller au contenu

Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

proximité diminuait le respect que son nom et ses décrets inspiraient à un monde barbare. Cette remarque n’a pas échappé à notre historien philosophe. « Tandis que le nom et l’autorité de la cour de Rome étaient la terreur des contrées reculées de l’Europe, plongées dans une profonde ignorance, et où l’on ne connaissait ni son caractère ni sa conduite, en Italie on respectait si peu le souverain pontife, que ses ennemis les plus invétérés environnaient les portes de Rome, qu’ils contrôlaient son gouvernement dans la ville, que des ambassadeurs qui arrivaient des extrémités de l’Europe pour lui témoigner l’humble ou plutôt l’abjecte soumission du plus grand monarque de son siècle, eurent bien de la peine à parvenir jusqu’à son trône et à se jeter à ses pieds »[1].

Successeurs de Grégoire VII. A. D. 1086-1305.

Dès les premiers temps, la richesse des papes avait excité l’envie ; leur pouvoir avait rencontré des oppositions, leur personne avait été exposée à la violence. Mais la longue guerre de la tiare et de la cou-

  1. Hume, History of England, vol. I, p. 419. Le même auteur rapporte, d’après Fitz-Stephen, un acte de cruauté bien atroce et bien singulier que se permit contre les prêtres Geoffroi, père de Henri II. « À l’époque où il était maître de la Normandie, le chapitre de Seez s’avisa de procéder, sans son consentement, à l’élection d’un évêque ; il ordonna de mutiler tous les chanoines et l’évêque qu’ils avaient nommé, et se fit apporter sur un plat les parties génitales de ces malheureux. » Ils pouvaient se plaindre avec raison de la douleur et du danger de cette opération ; mais puisqu’ils avaient fait vœu de chasteté, il ne les privait que d’un trésor inutile.