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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/196

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sembler les Romains[1] devant l’église de Saint-Pierre ; le pape d’Avignon, Jean XXII, fut déposé et le choix de son successeur fut ratifié par le consentement et les applaudissemens du peuple. Il fut établi par une loi nouvelle, librement adoptée, que l’évêque de Rome ne serait jamais absent de la ville plus de trois mois de l’année, et ne s’en éloignerait jamais de plus de deux journées de chemin ; que s’il ne revenait pas à la troisième sommation, il serait, comme officier public, chassé de son siége et dégradé de ses fonctions[2]. Mais Louis oubliait sa faiblesse et les préjugés de son temps : hors de l’enceinte de son camp, le fantôme qu’il avait créé ne put obtenir aucune considération ; les Romains méprisèrent leur propre ouvrage ; l’antipape implora le pardon de son légitime souverain[3], et cette attaque

  1. « Richiesti per bando (dit Jean Villani) senatori di Roma, e 52 del populo, e capitani de’ 25, et consoli (consoli ?) e 13 buoni nomini, uno per rione. » Nous ne sommes pas assez instruits sur cette époque pour déterminer quelle partie de cette constitution était seulement temporaire, et quelle autre était ordinaire et permanente. Cependant, les anciens statuts de Rome nous donnent à cet égard quelques faibles lumières.
  2. Villani (l. X, c. 68-71, in Muratori, Script., t. XIII, p. 641-645) parle de cette loi, et raconte toute l’affaire avec beaucoup moins d’horreur que le prudent Muratori. Ceux qui ont étudié les temps barbares de nos Annales, ont dû observer combien les idées (je veux dire les absurdité) de la superstition sont mobiles et incohérentes.
  3. Voyez dans le premier volume des papes d’Avignon,