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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/198

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habitans qui oseraient lui offrir une retraite. Les papes obéissaient en tremblant. À peine arrivés, on leur demandait des dédommagemens pour les pertes qu’avait occasionnées leur désertion ; on leur présentait l’état des maisons qu’on n’avait pas louées, des denrées qu’on n’avait point vendues, et enfin des dépenses des serviteurs et des étrangers à la suite de la cour, dont la ville de Rome n’avait pas profité[1]. Après avoir joui de quelques momens de paix, et peut-être d’autorité, ils étaient chassés par de nouvelles séditions, et rappelés de nouveau par les sommations impérieuses ou les respectueuses invitations du sénat. En pareille occasion, les exilés et les fugitifs qui se retiraient avec le pape, s’éloignaient peu de la métropole, et ne tardaient pas à y revenir ; mais au commencement du quatorzième siècle, le trône apostolique fut transféré, à ce qu’il paraissait, pour toujours, des rives du Tibre à celles du Rhône ; et on peut dire que cette transmigration fut une suite

  1. Romani autem non valentes nec volentes ultra suam celare cupiditatem gravissimam contra papam movere cæeperunt questionem, exigentes ab eo urgentissime omnia quæ subierant per ejus absentiam damna et jacturas, videlicet in hospitiis lucandis, in mercimoniis, in usuris, in redditibus, in provisionibus, et in aliis modis innumerabilibus. Quod cum audisset papa, præcordialiter ingemuit, et se comperiens MUSCIPULATUM, etc. (Matthieu Paris, p. 757). Pour l’histoire ordinaire de la vie des papes, pour leurs actions, leur mort, leur résidence et leur absence, il suffit de renvoyer aux annalistes ecclésiastiques, Spondanus et Fleury.