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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/205

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chaque siècle. Pour sonder sans péril la crédulité, populaire, on prêcha un sermon sur cette matière ; on eut l’adresse de répandre des bruits, on fit valoir la déposition de quelques vieillards, et le 1er janvier de l’année 1300, l’église de Saint-Pierre fut remplie de fidèles qui demandèrent à grands cris les indulgences de l’année sainte, qu’on était dans l’usage d’accorder. Le pontife, qui épiait et excitait leur dévote impatience, se laissa facilement persuader, d’après le témoignage des vieillards, de la justice de leur demande, et publia une absolution plenière en faveur de tous les catholiques qui, dans le cours de cette année et à la fin de chaque siècle, visiteraient respectueusement les églises de Saint-Pierre et de Saint-Paul. Cette heureuse nouvelle se répandit promptement par toute la chrétienté. On vit d’abord des provinces les plus voisines de l’Italie, et ensuite des contrées les plus éloignées, telles que la Hongrie et la Bretagne, les routes se couvrir d’une foule de pèlerins empressés d’obtenir le pardon de leurs péchés par un voyage sans doute pénible et dispendieux, mais qui du moins n’offrait pas les dangers du service militaire. On oublia dans ce transport général toutes les excuses que pouvaient fournir le rang ou le sexe, l’âge ou les infirmités ; et tel fut l’empressement de leur dévotion, que plusieurs personnes périrent foulées aux pieds dans les rues et dans les églises. Il n’est pas facile d’évaluer avec exactitude le nombre de pèlerins ; il a probablement été exagéré par le clergé, habile à répandre la con-