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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/229

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Naissance, caractère et projets patriotiques de Rienzi.

Dans un quartier de la ville, qui n’était habité que par des artisans et des Juifs, le mariage d’un cabaretier et d’une blanchisseuse produisit le libérateur de Rome[1]. Nicolas Rienzi Gabrini ne pouvait recevoir d’une pareille famille ni dignité ni fortune ; mais elle s’imposa des privations pour lui donner une éducation libérale, cause de sa gloire et de sa fin prématurée. Le jeune plébéien étudia l’histoire et l’éloquence, les écrits de Cicéron, de Sénèque, de Tite-Live, de César et de Valère Maxime, et son génie s’éleva au-dessus de ses égaux et de ses contemporains. Il étudiait avec une ardeur infatigable les manuscrits et les marbres de l’antiquité ; il aimait à expliquer ce qu’il savait dans la langue vulgaire de son pays, et se laissait souvent entraîner à s’écrier : « Où sont aujourd’hui ces Romains, leurs vertus, leur justice et leur puissance ? Pourquoi n’ai-je pas reçu le jour dans ces temps heureux[2] ? » Lorsque

    sans dessein et sans art les mœurs de Rome et le caractère du tribun.

  1. Le premier et le plus beau moment de la vie de Rienzi, celui de son gouvernement en qualité de tribun, se trouve dans le dix-huitième chapitre des Fragmens (p. 399-479). Ce chapitre forme, dans la nouvelle division, le deuxième livre de l’histoire, qui contient trente-huit chapitres ou sections d’une moindre étendue.
  2. On verra peut-être ici avec plaisir un échantillon de l’idiome qu’on parlait à Rome et à Naples au quatorzième siècle : Fo da soa juventutine nutricato di latte de eloquentia bono gramatico, megliore rettuorico, autorista bravo. Deh como et quanto era veloce leitore ! moito usava Tito Livio,