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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/249

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qui prennent le titre d’empereurs ; nous ordonnons à tous les électeurs d’Allemagne de nous informer sur quel prétexte ils ont usurpé le droit inaliénable du peuple romain, qui est l’ancien et légitime souverain de l’empire[1]. » Il tira ensuite son épée vierge encore, l’agita à trois reprises vers les trois parties du monde, et dans son extravagance, il dit trois fois : « Et cela aussi m’appartient. » L’évêque d’Orviète, vicaire du pape, essaya d’arrêter toutes ces folies, mais une musique guerrière étouffa ses faibles protestations : et au lieu de sortir de l’assemblée, il dîna avec Rienzi son collègue, à une table réservée jusqu’alors au souverain pontife. On prépara un de ces banquets tels que les Césars en donnaient jadis aux Romains. Les appartemens, les portiques et les cours du palais de Latran, étaient remplis de tables pour les hommes et les femmes de toutes les conditions : un ruisseau de vin coulait des narines du cheval de bronze qui portait la figure de Constantin ; et si l’on se plaignit d’une chose, ce fut de manquer d’eau ; l’ordre et la crainte continrent la licence du peuple. [Son couronnement.] On assigna un jour peu éloigné pour le couronnement de Rienzi[2]. Les personnages les plus

  1. Quant aux deux empereurs rivaux sommés au tribunal de Rienzi, Hocsemius (ap. du Cerceau, p. 163-166) rapporte ce trait de liberté et de folie.
  2. Il est singulier que Fortifiocca n’ait pas parlé de ce couronnement, qui est si vraisemblable en lui-même, et qui est appuyé du témoignage de Hocsemius et même de Rienzi (du Cerceau, p. 167-170, 229).