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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/256

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Le peuple partagea la douleur de ces saintes filles ; il se repentit de sa fureur et abhorra l’indécente joie de Rienzi, qui alla voir le lieu où ces illustres victimes avaient reçu la mort. Ce fut là qu’il accorda à son fils les honneurs de la chevalerie ; chacun des cavaliers de sa garde donna un coup léger au jeune néophyte ; ce fut toute la cérémonie ; et son ablution, aussi ridicule qu’inhumaine, se fit dans un étang encore souillé du sang des nobles[1].

Chute et évasion du tribun Rienzi. A. D. 1347, déc. 15.

Un léger délai eût sauvé les Colonne, Rienzi fut chassé un mois après ce triomphe. Ivre de sa victoire, il perdit le peu de vertus civiles qu’il avait encore conservées, et il les perdit sans acquérir la réputation d’un habile guerrier. Une opposition hardie et vigoureuse se forma contre lui dans la ville, et lorsqu’il proposa à l’assemblée publique[2] d’établir un nouvel impôt, de régler le gouvernement de Pérouse, trente-neuf membres combattirent son

    nobles familles romaines et leurs étroites alliances (Mém. sur Pétrarque, t. I, p. 110 ; t. II, p. 401).

  1. Pétrarque écrivit à la famille Colonne une lettre pleine d’affectation et de pédanterie (Fam., l. VII, epist. 13, p. 682, 683). On y voit l’amitié se perdre dans le patriotisme. Nulla toto orbe principumn familia carior ; carior tamen respublica, carior Roma, carior Italia.
    « Je rends grâces aux dieux de n’être pas Romain. »
  2. Pollistore, auteur contemporain, qui a conservé plusieurs faits curieux et originaux (rerum italicarum, t. XXV, c. 31, p. 798-804), indique obscurément cette assemblée et l’opposition qu’y trouva Rienzi.