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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/270

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siége : un héros, à la tête de trente mille brigands, y avait exigé du vicaire de Jésus-Christ et du sacré collége une rançon et l’absolution, et cette maxime des guerriers français, d’épargner le peuple et de piller l’Église, était une nouvelle hérésie de la plus dangereuse conséquence[1]. Le pape, ainsi chassé d’Avignon, était vivement sollicité de retourner à Rome. Le sénat et le peuple le reconnaissaient pour leur souverain légitime, lui offraient les clefs des portes, des ponts et des forteresses, du moins pour le quartier situé au-delà du Tibre[2] ; mais ils déclaraient en même temps qu’ils ne pouvaient plus supporter le scandale et le malheur de son absence, et que son obstination à demeurer sur les bords du Rhône les déterminerait à faire revivre et à soutenir leur ancien droit d’élection. On avait demandé à l’abbé du mont Cassin, si renommé par le clergé et le peuple, s’il accepterait la tiare[3] : « Je suis

  1. Cette expédition de brigands est racontée par Froissard (Chronique, t. I, p. 230) et dans la vie de Du Guesclin (Collection générale des Mémoires historiques, t. IV, c. 16, p. 107-113). Dès l’année 1361 la cour d’Avignon avait souffert les violences de bandes de la même espèce, qui passèrent ensuite les Alpes (Mémoires sur Pétrarque, t. III, p. 563-569).
  2. Fleury cite, d’après les Annales d’Odericus Raynaldus, le Traité original qui fut signé le 21 décembre 1376, entre Grégoire XI et les Romains (Hist. ecclés., t. XX, p. 275).
  3. La première couronne ou regnum (Ducange, Gloss. lat., t. V, p. 702), qu’on voit figurer sur la mitre des papes,