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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/274

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pape italien, » était le cri universel ; les douze bannerets ou chefs de quartiers répétèrent la même menace sous la forme d’un charitable avis ; on fit quelques préparatifs pour brûler les cardinaux réfractaires, et il parut probable que s’ils donnaient la tiare à un Français ils ne sortiraient pas en vie du Vatican. Leur dissimulation, durant quelques semaines qui suivirent le conclave, ne fut pas moins forcée ; mais l’orgueil et la cruauté d’Urbain les menaçaient d’un danger encore plus grand ; et ils ne tardèrent pas à connaître ce tyran, assez insensible pour se promener dans son jardin, et réciter son bréviaire au milieu des gémissemens de six des cardinaux auxquels on donnait la torture dans une chambre voisine ; son zèle inflexible, qui blâmait hautement leur luxe et leurs vices, les aurait forcés de remplir leurs devoirs dans leurs paroisses à Rome ; et s’il n’eût pas différé, par malheur pour lui, la promotion qu’il méditait, les cardinaux français allaient se trouver en minorité dans le sacré collége et dénués de tout appui ; ces motifs et l’espoir de repasser les Alpes, les portèrent à troubler imprudemment la paix et l’unité de l’Église, et les écoles catholiques disputent encore sur la validité de la première ou de la seconde élection[1]. La vanité de la nation plutôt que l’inté-

  1. Les numéros adoptés par les papes successeurs de Clément VII et de Benoît XII semblent décider la question contre eux. Les Italiens les qualifient hardiment d’antipapes, tandis que les Français, d’après les raisons des deux partis, se