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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/295

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était commandée par une citadelle imprenable, et le canon est bien puissant contre les séditions populaires ; une troupe régulière de cavalerie et d’infanterie servait sous les drapeaux du pape ; ses amples revenus lui permettaient de fournir aux dépenses de la guerre ; et l’étendue de ses domaines le mettait en état d’accabler une ville révoltée sous une armée de voisins ennemis et de sujets fidèles[1]. Depuis la réunion des duchés de Ferrare et d’Urbin, l’état ecclésiastique se prolonge de la Méditerranée à la mer Adriatique, et des confins du royaume de Naples aux bords du  : la plus grande partie de cette vaste et fertile contrée reconnaît dès le seizième siècle la souveraineté légitime et temporelle des pontifes de Rome. Leurs premiers droits se sont fondés sur les donations véritables ou fabuleuses des siècles d’ignorance. Je ne pourrais raconter ce qu’ils ont fait successivement pour consolider leur empire, sans me jeter trop avant dans l’histoire de l’Italie et même dans celle de l’Europe, il faudrait détailler les crimes d’Alexandre VI, les opérations militaires de Jules II, et la politique éclairée de Léon X, sujet illustré par

  1. L’économie de Sixte-Quint porta à deux millions et demi d’écus romains le revenu de l’État ecclésiastique (Vit., t. II, p. 291-296) ; et l’armée était si bien montée, qu’en un mois Clément VIII put entrer dans le duché de Ferrare avec trois mille cavaliers et vingt mille fantassins (t. III, p. 64). Depuis cette époque (A. D. 1597) les armes des papes se sont heureusement rouillées ; le revenu doit avoir augmenté au moins en apparence.