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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/314

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sortit de ses cendres avec un nouvel éclat ; mais les vieux citoyens déploraient des pertes irréparables, les chefs-d’œuvre des Grecs, les trophées de la victoire, et les monumens de l’antiquité primitive ou fabuleuse. Dans les temps de misère et d’anarchie, chaque blessure est mortelle, chaque perte est sans remède, et les soins publics du gouvernement, l’activité de l’intérêt particulier, ne peuvent plus réparer le dégât. Mais deux considérations donnent lieu de penser que les incendies produisent plus de ravages dans une ville florissante que dans une ville misérable, 1o. Les matières combustibles, la brique, le bois et les métaux, se consument ou se fondent promptement, et les flammes attaquent en vain des murailles nues, des voûtes d’une grande épaisseur, dépouillées de leurs ornemens. 2o. C’est dans les habitations plébéiennes qu’une funeste étincelle cause pour l’ordinaire des incendies ; mais dès que le feu les a dévorées, les grands édifices qui ont résisté à la flamme, ou qu’elle n’a pu atteindre, se trouvent seuls au milieu d’un espace vide, et ne courent plus aucun danger. [Inondations.]La situation de Rome l’expose à de fréquentes inondations. Le cours des rivières qui descendent de l’un ou de l’autre côté de l’Apennin, sans en excepter le Tibre, est irrégulier et de peu de longueur ; leurs eaux sont basses durant les chaleurs de l’été, et lorsque les pluies ou la fonte des neiges les grossissent au printemps ou en hiver, elles forment des torrens impétueux. Si le vent les repousse à leur arrivée dans la mer, leur lit ordinaire ne pou-