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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/320

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convertis. Toutefois leur aversion se bornait aux monumens de la superstition des païens, et les édifices qui servaient aux affaires et aux plaisirs de la société pouvaient être conservés sans offense et sans scandale. La nouvelle religion fut établie, non par un tumulte populaire, mais par les décrets des empereurs et du sénat, et par la loi du temps. De tous les individus qui composaient la hiérarchie chrétienne, les évêques de Rome furent communément les plus sages et les moins fanatiques ; et l’on n’a aucune accusation positive à opposer contre eux à l’action méritoire d’avoir sauvé le Panthéon[1], pour employer ce majestueux édifice au service de la religion.

Usage et abus des matériaux qu’offraient les monuments de l’antiquité.

III. La valeur de tout objet qui sert aux besoins ou aux plaisirs de l’espèce humaine, se compose de sa substance et de sa forme, de la matière et de la main d’œuvre. Son prix dépend du nombre de ceux qui peuvent l’acquérir ou l’employer, de l’étendue du marché, et par conséquent de l’aisance ou de la dif-

  1. Eodem tempore petit a Phocate principe templum, quod appellatur PANTHEON, in quo fecit ecclesiam sanctæ mariæ semper Virginis, et omnium martyrum ; in quâ ecclesiâ princeps multa bona obtulit (Anastasius vel potius liber pontificalis in Bonifacio IV, in Muratori, Script. rer. ital., t. III, part. I, p. 135). Selon un auteur anonyme cité par Montfaucon, Agrippa avait consacré le Panthéon à Cybèle et à Neptune ; et Boniface IV, aux calendes de novembre, le dédia à la Vierge, quæ est mater omnium Sanctorum (p. 297, 298).