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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/322

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tyrans grecs pillèrent tout ce qui avait échappé aux Goths et aux Vandales, et l’empereur Constans, dans sa visite spoliatrice à la ville de Rome, enleva les plaques de bronze qui couvraient le Panthéon[1]. Les édifices de Rome pouvaient être considérés comme une vaste mine de divers matériaux très-variés ; le premier travail, celui de les tirer du sein de la terre, était fait ; les métaux étaient purifiés, et jetés en moule ; les marbres étaient taillés et polis ; et après avoir satisfait à la cupidité des étrangers et des citoyens, les restes de la ville, si on eût trouvé un acheteur, étaient encore bons à vendre. On avait déjà dépouillé les monumens de l’antiquité de leurs précieux ornemens ; mais les Romains se montraient disposés à démolir, de leurs propres mains, les arcs de triomphe et les murailles, dès que le bénéfice pourrait l’emporter sur les frais du travail et de l’exportation. Si Charlemagne eût fait de l’Italie le siége de l’empire d’Occident, loin d’attenter aux constructions des Césars, son génie aurait aspiré à en être le réparateur ; mais des vues politiques retinrent ce monarque dans les forêts de la Germanie ; il ne put satisfaire son goût pour les arts qu’en achevant la

  1. Omnia quæ erant in ærc ad ornatum civitatis deposuit : sed et ecclesiam B. Mariæ ad martyres quæ de tegulis æreis cooperta discooperuit (Anastas., in Vitalian., p. 141). Ce Grec, vil autant que sacrilége, n’eut pas même le misérable prétexte de piller un temple païen ; le Panthéon était déjà une église catholique.