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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/60

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qu’il surpassa bientôt, et on attribue à son invincible cimeterre la conquête de deux empires, de douze royaumes et de deux cents villes, calcul faux et adulateur. Il avait sans aucun doute les qualités d’un soldat et peut-être celles d’un général : la prise de Constantinople mit le comble à sa gloire ; mais si nous comparons les moyens, les obstacles et les exploits, Mahomet II doit rougir de se voir placé à côté d’Alexandre ou de Timour. Les forces ottomanes qu’il commandait furent toujours plus nombreuses que l’armée des ennemis ; cependant ses conquêtes ne passèrent ni l’Euphrate ni la mer Adriatique ; et ses progrès furent arrêtés par Huniades et Scanderbeg, les chevaliers de Rhodes et le roi de Perse.

Son règne. A. D. 1451, février 9. A. D. 1481, juillet 2.

Sous le règne d’Amurath, il avait goûté deux fois de la royauté et était descendu deux fois du trône : sa jeunesse ne lui permit pas de s’opposer au rétablissement de son père, mais il ne pardonna jamais aux visirs qui avaient conseillé cette salutaire mesure. Il épousa la fille d’un émir turcoman, et après des fêtes qui durèrent deux mois, il partit d’Andrinople avec sa femme pour aller résider dans le gouvernement de Magnésie. En moins de six semaines, il fut rappelé par un message du divan qui annonçait la mort d’Amurath, et une disposition à la révolte de la part des janissaires. Sa célérité et sa vigueur les ramenèrent à l’obéissance : il traversa l’Hellespont avec une garde choisie, et à un mille d’Andrinople, les visirs et les émirs, les imans et les cadis, les sol-