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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/80

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culi[1], soldats de la Porte qui marchaient avec le prince, et qu’on payait de son trésor, n’était peut-être pas en effet plus considérable ; mais les pachas entretenaient ou levaient une milice provinciale dans leurs gouvernemens respectifs ; il y avait un grand nombre de terres assujetties à une redevance militaire ; l’appât du butin amenait une foule de volontaires sous le drapeau de Mahomet, et le son de la trompette sacrée dut y attirer un essaim de fanatiques affamés et intrépides, qui augmentèrent du moins la terreur des Grecs, et qui servirent à émousser leur glaive par une première attaque. Ducas, Chalcocondyles et Léonard de Chios portent à trois ou quatre cent mille hommes l’armée du sultan ; mais Phranza se trouva plus près, il l’observa mieux, et il n’y compta que deux cent cinquante-huit mille hommes, évaluation précise, qui ne passe pas la mesure des faits connus ni celle des probabilités[2]. La marine des assiégeans était moins formidable : il y avait trois

  1. Les troupes chargées de la garde du palais sont appelées Capiculi chez les Turcs, et celles des provinces Seratculi. La plupart des noms et des institutions de la milice turque existaient avant le canon Nameh de Soliman II, d’après lequel le comte Marsigli, aidé de sa propre expérience, a composé son État militaire de l’empire ottoman.
  2. L’observation de Philelphe est approuvée en 1508 par Cuspinien (De Cæsaribus in epilog. de militiâ turcicâ, p. 697). Marsigli prouve que les armées effectives des Turcs sont beaucoup moins nombreuses qu’elles ne le paraissent. Léonard de Chios ne compte que quinze mille janissaires dans l’armée qui assiéga Constantinople.