Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/183

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dépendantes jusque dans le centre de la monarchie romaine[1].

Tels étaient les Barbares ; tels les tyrans, qui, sous les règnes de Valérien et de Gallien, démembrèrent les provinces, et réduisirent l’empire à un état d’abaissement et de désolation d’où il semblait ne pouvoir jamais se relever. Autant que nous l’a permis la disette des matériaux, nous avons essayé de tracer avec ordre et avec clarté les événemens généraux de cette période désastreuse ; il nous reste encore à parler des désordres de la Sicile, des tumultes d’Alexandrie, et de la rebellion des Isauriens ; ces faits particuliers peuvent servir à jeter une vive lumière sur l’affreux tableau que nous venons de présenter.

Désordres de la Sicile.

I. Toutes les fois que de nombreuses troupes de brigands, multipliées par le succès et par l’impunité, osent braver publiquement les lois de leur pays, au lieu de chercher à s’y soustraire, c’est une preuve certaine que la dernière classe de la société s’aperçoit et abuse de la faiblesse du gouvernement. La situation de la Sicile la mettait à l’abri des Barbares, et la province désarmée ne pouvait soutenir un usurpateur ; elle fut déchirée par de plus viles mains. Après avoir pillé cette île, autrefois florissante et toujours fertile, une troupe séditieuse

  1. Régilien avait quelques bandes de Roxolans à son service ; Posthume, un corps de Francs. Ce fut peut-être en qualité d’auxiliaires que ces derniers pénétrèrent en Espagne.