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du préfet de la ville ; 5o. de déterminer la liste, ou comme on l’appelait alors, le collège des consuls : ils furent fixés à douze par année ; on en élisait deux alternativement tous les deux mois, et ils soutenaient ainsi la dignité de cette ancienne charge. Les sénateurs, qui s’étaient réservé le droit de les nommer, l’exercèrent avec une liberté si indépendante, qu’ils n’eurent aucun égard à une requête irrégulière de l’empereur pour son frère Florianus. « Ils connaissent bien le caractère du prince qu’ils ont choisi,» s’écria Tacite avec le transport généreux d’un patriote, 6o. À ces différentes branches d’autorité nous pouvons ajouter quelque inspection sur les finances ; puisque, même sous le règne du sévère Aurélien, ils avaient pu détourner une partie des fonds destinés au service public[1].

Joie et confiance des sénateurs.

Aussitôt après l’avènement de Tacite, des lettres circulaires furent envoyées à toutes les principales villes de l’empire, Trève, Milan, Aquilée, Thessalonique, Corinthe, Athènes, Antioche, Alexandrie et Carthage, pour exiger d’elles le serment de fidélité, et pour leur apprendre l’heureuse révolution qui venait de rendre au sénat son antique splendeur. Deux de ces lettres existent encore. Il nous est aussi parvenu deux fragmens curieux de la correspondance particulière des sénateurs à ce sujet. On

  1. Vopiscus, Hist. Aug., p. 216. Le passage est très-clair ; cependant Casaubon et Saumaise voudraient le corriger.