Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/370

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esclaves domestiques[1]. Considéré sous cet odieux aspect, il fut rejeté avec horreur par les premiers Césars. Leur résistance devint insensiblement plus faible et le nom moins odieux. Enfin la formule de notre seigneur et empereur fut non-seulement adoptée par la flatterie, mais encore régulièrement admise dans les lois et dans les monumens publics. Ces expressions pompeuses devaient satisfaire la vanité la plus excessive ; et si les successeurs de Dioclétien refusèrent le nom de roi, ce fut moins l’effet de leur modération que de leur délicatesse. Parmi les peuples qui parlaient latin (et cette langue était celle du gouvernement dans tout l’empire), le titre d’empereur, particulièrement, réservé aux monarques de Rome, imprimait plus de vénération que celui de roi. Ces princes auraient été forcés de partager ce dernier nom avec une foule de chefs barbares, et ils n’auraient pu le tirer que de Romulus ou de Tarquin. Mais l’Orient avait des principes bien différens. Dès les premiers âges dont l’histoire fasse mention, les souverains de l’Asie avaient été nommés en grec basileus ou roi ; et comme cette dénomination désignait dans ces con-

  1. Pline (Panégyr., c. 2, 55, etc.) parle avec horreur de dominus, comme synonyme de tyran, et comme opposé à prince ; et le même Pline donne régulièrement ce titre (dans le dixième livre de ses Lettres) au vertueux Trajan, son ami plutôt que son maître. Cette étrange expression embarrasse les commentateurs qui savent penser et les traducteurs qui savent écrire.