Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/430

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ne l’auraient probablement pas engagé à prendre les armes. Ce fut le tyran lui-même qui attira la guerre dans ses états : il eut la témérité de provoquer un adversaire formidable, dont jusqu’alors l’ambition avait été plutôt retenue par des considérations de prudence que par des principes de justice[1]. Après la mort de Maximien, ses titres, selon l’usage reçu, avaient été effacés, et ses statues renversées avec ignominie. Son fils, qui l’avait persécuté et abandonné pendant qu’il vivait, affecta les plus tendres égards pour sa mémoire, et il ordonna que l’on fit éprouver le même traitement à toutes les statues élevées, en Italie et en Afrique, en l’honneur de Constantin. Ce sage prince, qui désirait sincèrement éviter une guerre dont il connaissait l’importance et les difficultés, dissimula d’abord l’insulte ; il employa la voie plus douce des négociations, jusqu’à ce qu’enfin, convaincu des dispositions hostiles et des projets ambitieux de l’empereur d’Italie, il crut nécessaire d’armer pour sa défense. Maxence avouait ouvertement ses prétentions à la monarchie tout entière de l’Occident. Une grande armée, levée par ses ordres, se préparait déjà à envahir les provinces de la Gaule du côté de la Rhétie ; et quoiqu’il n’eût aucun secours

  1. Après la victoire de Constantin, on convenait généralement que, quand ce prince n’aurait eu en vue que de délivrer la république d’un tyran abhorré, un pareil motif aurait, en tout temps, justifié son expédition en Italie. (Eusèbe, Vie de Constantin, l. I, c. 26 ; Panegyr. vet., IX, 2.)