coulèrent depuis la défaite de Varus jusqu’au règne de l’empereur Dèce, ces guerriers formidables ne se distinguèrent-ils par aucune entreprise importante ? pourquoi firent-ils à peine impression sur les faibles habitans des provinces de l’empire, asservis par le luxe et par le despotisme ? Si leurs progrès furent alors arrêtés, c’est qu’ils manquaient à la fois d’armes et de discipline, et que leur fureur fut détournée par les discordes intestines, qui, durant cette période, déchirèrent le sein de leur patrie.
Manque d’armes.
I. On a raison de dire que la possession du fer assure bientôt à une nation celle de l’or. Mais les Germains, également privés de ces métaux précieux, furent réduits à les acquérir lentement et par les seuls efforts d’un courage destitué de moyens étrangers. « Le fer n’est pas en abondance chez ces peuples, autant qu’on en juge par leurs armes. Peu font usage de l’épée ou de la pertuisane : ils ont des lances, ou framées, comme ils les appellent, dont le fer est étroit et court, mais si bien acérées et si maniables, qu’elles sont également propres à combattre de près ou de loin. Leur cavalerie n’a que la lance et le bouclier. Chaque fantassin a de plus un certain nombre de javelots. Alerte, parce qu’il est sans habits, ou couvert d’une simple saye, il les lance à une distance incroyable[1]. Ces guerriers ne se piquent