Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/195

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jan, Pline le jeune fut nommé par ce prince, son maître et son ami, gouverneur de la Bithynie et du Pont. Pline se trouva bientôt dans un grand embarras, lorsqu’il fut question de déterminer quelle loi, quelle règle d’équité il devait suivre en exerçant des fonctions qui répugnaient à son humanité. Il n’avait jamais vu de procédure légale contre les chrétiens, dont il paraît que le nom seul lui était connu ; il n’avait pas la moindre idée de la nature de leur crime, de la manière de les convaincre, ni du genre de punition qu’ils méritaient : dans cette incertitude, il eut recours à son oracle ordinaire, la sagesse de Trajan. En envoyant à ce prince une peinture fidèle, et à certains égards favorable, de la nouvelle superstition, il le conjure de daigner résoudre ses doutes et éclairer son ignorance[1]. Pline avait passé sa vie dans l’étude des lettres et au milieu des affaires du monde. Dès l’âge de dix-neuf ans, il avait plaidé avec distinction, devant les tribunaux de Rome[2]. Devenu ensuite membre du sénat, et revêtu de la dignité de consul, il avait formé de nombreuses liaisons avec

  1. Pline, lett. X, 97. Le savant Mosheim, en parlant de Pline (p. 147, 232), donne les plus grands éloges à sa modération et à son impartialité. Malgré les soupçons du docteur Lardner (voyez Témoignages, vol. II, p. 46), je ne puis découvrir aucun fanatisme dans le langage ou dans la conduite de Pline.
  2. Pline, lett. V, 8. Il plaida sa première cause en 81, l’année d’après la fameuse éruption du mont Vésuve, dans laquelle son oncle perdit la vie.